« Alors pourquoi as-tu décidé de venir ici? » | Camille Perrusson

 

« Tu es Arménienne ?

– Non

– Alors pourquoi as-tu décidé de venir ici ?

– Pourquoi pas ? »

 

A l’aube de ma 25ème bougie, j’ai décidé qu’il était temps d’explorer de nouveaux horizons.

Le mental en veilleuse, j’ai écouté mon coeur et j’ai fait confiance à mon intuition.

J’ai donc plié bagage pour l’Arménie, pays dont j’ignorais à peu près tout.

Pour être totalement transparente, je n’ai pas choisi l’Arménie, l’Arménie m’a choisi en premier parmi les quelques candidatures que j’avais faites pour partir à l’étranger.

Partir dans un pays dont je ne connaissais ni la culture, ni l’alphabet, ni la langue, avec un anglais approximatif et aucune expérience à l’étranger à mon actif. De la folie pour une hypersensible comme moi. Je me souviens encore de la réaction de certains de mes proches et de mes amis quand je leur ai annoncé que j’allais passer 8 mois en Arménie.

Samedi 30 mars 2019, 4h.

Ça y est, j’y suis. Me voilà en Arménie.

Seule avec une valise rouge et un sac à dos violet, je ne passe pas inaperçue à côté des retrouvailles chaleureuses et des accolades qui rythment la zone d’arrivée. Des taxis et des agents de sécurités viennent m’approcher et me parlent en arménien ou en russe. Ils comprennent vites que je ne suis pas d’ici. Certains insistes, d’autres passent leur chemin. Quant à moi, je me demande dans quelle aventure je me suis embarquée.

40 minutes plus tard, mon chauffeur arrive enfin. Nous traversons Yerevan sous une pluie battante.

La ville me semble abandonnée et triste. Le choc culturel est bien là.

Qu’en est-il aujourd’hui ? Je crois que c’était la meilleure décision de ma vie. Cette expérience à l’étranger a changé mon regard sur la vie à bien des niveaux. Voilà maintenant 7 mois que je suis installée à Erevan.

Depuis, les jours se suivent et ne se ressemblent pas. La plupart du temps, je ne sais pas où je vais, j’ignore où me mènent les chemins que je choisi d’emprunter (au sens propre comme au figuré), mais je choisi de les suivre. Je me laisse guider par les découvertes et les rencontres. Chaque jour, je marche où la vie m’ensoleille.

Je me suis également confrontée à un certain nombre de difficultés : l’impression d’être incomprise à cause de la barrière de la langue, la perte de repères, la sensation de ne pas me sentir à ma place, la remise en question de tout…et surtout de soi. Malgré ces questionnements et ces moments de doutes, la merveilleuse sensation de me sentir vivante, ancrée dans l’instant présent, ne m’a jamais quittée dès lors que j’ai posé les deux pieds sur le sol arménien. J’expérimente des instants et des moments d’une grande émotion, je découvre l’histoire et les richesses d’un pays et d’un peuple qui a beaucoup à nous apprendre, je contemple des paysages et un patrimoine culturel d’une beauté indescriptible, je me régale de la cuisine arménienne…

Au niveau professionnel, j’ai eu l’opportunité de travailler dans différentes structures et de mener des projets culturels auprès de différents types de publics, notamment au sein du service éducatif de la Galerie Nationale d’Arménie. Si le secteur de la médiation culturelle m’était familier en France, je découvre ici d’autres visions et d’autres manières d’appréhender l’éducation artistique et culturelle. La flexibilité d’AVC m’a également permis d’explorer d’autres horizons et d’élargir mon champ d’action. J’ai apporté mon soutien au sein de plusieurs NGO dont la mission est d’apporter un soutien médical et social aux enfants handicapés, dans l’objectif de développer leur autonomie et leur intégration sociale. Dans ce contexte, j’ai participé à la mise en place et à l’animation d’ateliers éducatifs.

Évidemment, cette expérience à l’étranger n’aurait pas été aussi enrichissante sans toutes les belles rencontres qui ont croisé mon chemin et illuminé ce séjour. Ma famille d’accueil, mes colocataires, les volontaires, mes collègues de travail, et toutes ces personnes avec qui j’ai eu le plaisir de partager des moments de joie dont je n’aurais même pas osé imaginé, comme être témoin d’un mariage arménien.

Que ce soit des rencontres fortuites, inattendues, évidentes, inspirantes, bouleversantes, je chéri chacune d’entre-elles.

Merci à AVC pour votre engagement. Quelle belle mission de rassembler des personnes de différents horizons en un seul et même endroit dans l’objectif de grandir, d’évoluer et de découvrir ensemble qui nous sommes et qui nous voulons devenir.

Je terminerai ce retour d’expérience par une citation de Paulo Coelho qui résonne particulièrement en moi depuis mon arrivée en Arménie : « Si vous êtes assez courageux pour dire au revoir, la vie vous récompensera avec un nouveau bonjour. »

Merci Hayastan jan

 

29/03/2019 – 29/11/2019

Camille Perrusson

mars 12, 2020